Geneva da Vinci

Léonard de Vinci est mort le 2 avril 1519, après une longue maladie. Ayant perdu en partie l’usage de ses bras, il ne peignait plus, ne disséquait plus de cadavres, ne construisait plus d’automates. Juste quelques croquis, quelques phrases dans ses cahiers. Cependant en philosophe de l’expérience, il aimait à converser, à parler d’Aristote et d’Alexandre, de Pic de la Mirandole et du Pape Jules, d’Archimède et de la vis sans fin, de ses travaux sur l’eau, de tout ce qu’il avait imaginé et – faute de ressources – jamais construit. Avec son proche entourage, il voulait réussir sa fin de vie. Au château de Cloux, juste à côté d’Amboise, chez son protecteur le Roi François. C’est dans ces discussions qu’il aurait évoqué son court séjour à Genève, juste après le désastre suisse de Marignan.L’année 1515 est une année de transition pour Vinci. L’artiste ingénieur se rend compte qu’il a raté la politique. Cette politique tellement évidente dans «Le Prince» de son ami Machiavel. Le pouvoir de l’argent sur toute chose. Le pouvoir des banquiers de Florence, de Julien de Médicis. L’assainissement des marais Pontins, les fortifications à l’épreuve des canons, les machines dissuasives de guerre, l’anticipation des stratégies de bataille, auront stimulé la curiosité des notables genevois de l’époque. Il y avait danger. Les potentiels de Genève suscitaient tous les appétits des économistes, des spéculateurs et des financiers. Il s’agissait de faire l’OPA avant les concurrents. OPA hostile sur Genève, entreprise cible.

Qui allait l’emporter? Les Bourguignons, les Romains, les Florentins, les Savoyards, les Allemands, les Italiens?

C’est à cette époque que les Médicis ont approché dans la plus grande discrétion Bezançon Hugues et Philibert Berthelier, intelligences mythiques de la Cité. Une alliance de raison entre personnes de confiance et de business gagnant-gagnant. Mettre l’argent des riches européens à l’abri dans des coffres secrets. Nous en aurions l’usage, vous en auriez la gestion. Personne ne devrait savoir, ni qui, ni quand, ni combien.

Nous ne passerons pas à l’action, sans garanties ni protection. L’information circulant il y a risque d’attaques surprises, de subterfuges, de fourberies, d’agressions armées. Nous les Genevois, nous sommes des esprits d’entente et de paix.

Pas de souci, on vous envoie Vinci.

Julien de Médicis le magnifique était le protecteur de Léonard de Vinci, dont il admirait les talents et le génie. L’histoire nous le rapporte, le Médicis allait prendre pour épouse une Savoisienne, Philiberte de Savoie. En même temps, le Roi Louis XII meurt et le très jeune François le remplace. Fougueux et conquérant, il franchit aussitôt les Alpes et vient avec son artillerie massacrer les Suisses de Maximilien Sforza. Milan est à lui. Contre toute logique, François 1er et Maximilien Sforza décident d’unir leurs intérêts, de mettre tous leurs sous dans un même paquet. De s’offrir les services des meilleurs banquiers. Quel serait le lieu le plus sûr pour cacher notre or? Lyon, Zurich, Londres, Bologne, Venise, Pavie? Un lieu discret entre l’Italie et la France. Genève, de toute évidence.

C’est en 1516, lors de son transfert de Milan à l’équipe de France, que Léonard de Vinci s’est donc arrêté à Genève. Quelques jours, le temps d’étudier les lieux, d’avoir les bonnes idées et de les dessiner. L’architecte et l’ingénieur a alors imaginé deux traversées de la Rade, une bien visible en pont et l’autre invisible en tunnel. De façon à faire circuler les soldats de la défense de manière ostentatoire ou cachée. La politique tactique. Et pour faire diversion, des canons à colombes de paix.

Vous savez, moi, Léonard, je suis un expert en eaux et rivières. Pour quelques écus de plus, je vous construis trois écluses sur le Rhône. Ainsi, pour pourrez vendre l’eau du lac, à votre prix, aux Lyonnais.

Léonard de Vinci aura certainement touché des royalties pour son travail. Cet argent dort dans un coffre secret, capitalisant année après année les intérêts. La Joconde n’est jamais venue le réclamer.

Les héritiers de Bezançon Hugues et de Philibert Berthelier, en professionnels aguerris, vous diront que tout ce qui précède n’est que pure imagination.

 

 

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