Le Parlement genevois vient de rejeter à une voix près la construction de la prison des Dardelles. Toute la gauche s’y est opposée et le PDC s’est abstenu courageusement. Même deux UDC l’ont refusé! C’est leur droit, mais ces postures antisécuritaires renforcent de fait les pouvoirs de justice et de police: puisqu’on ne veut pas mettre hors de nuire des délinquants parce qu’on ne sait plus où les parquer et que Champ-Dollon tombe en ruine, le peuple risque de se tourner vers des discours plus autoritaires. La gauche est un parti de classes qui s’est transformé en un parti de déclassés, complaisant envers la drogue, le débraillé scolaire, l’islam radical, le voile qui enferme les femmes. Mais ce n’est pas parce qu’on ne construit pas de prisons qu’il y aura moins de délits! Car c’est de cela qu’il s’agit et non pas d’un simple problème d’argent. La facture des Dardelles est certes importante, mais s’y référer c’est se cacher derrière un rideau de fumée. Le peuple est tous les jours confronté, non au crime ni au viol, heureusement, mais à la brutalité des rapports entre les humains. A telle enseigne d’ailleurs que les gens montent en épingle ce qu’ils ne supportent plus: ils déposent plainte, consultent des avocats à la moindre contrariété, perçue comme une injure. On ne supporte plus rien parce que l’agressivité sociale a usé toute patience et parce que chacun se pense tellement important qu’il actionne la justice au plus petit désagrément. «On ne laisse rien passer», entend-on; mais on ne vote pas pour une prison, qui justement ne devrait rien laisser passer! Genève est devenue une pétaudière où vivre n’est plus aussi agréable que jadis. Tous les projets sont systématiquement contestés ou refusés. Pas seulement les Dardelles, mais encore les projets de construction de logement, les projets culturels comme la Cité de la Musique… C’était mieux avant? Sans doute, oui, je le crois. Mais je suis prêt à renoncer à penser que c’était mieux avant sitôt que les bobos de service, y compris notre Parlement, cesseront de penser que ce sera mieux après.