J’ai pris connaissance de la feuille de route du DIP genevois pour la législature. Discrète, Mme Hiltpold a pris le temps d’évaluer les enjeux de cette position avant d’en parler aux citoyens qui l’attendaient.
L’école est au centre de notre dispositif démocratique; les difficultés y sont réelles, les attentes énormes et les coûts faramineux. On note d’emblée qu’il n’est plus question de l’école inclusive, et on salue la disparition du mot «inclusif», qui fut asséné durant dix ans avec l’art de la bigoterie et qui tendait à faire passer toute contestation pour de l’exclusion, alors que personne ne remet en question l’égalité, qui est à la base de notre droit.
Redonner au Cycle d’orientation sa mission d’orienter semble une des mesures centrales. En effet depuis longtemps le C.O. ne la remplit pas correctement. D’abord sans doute parce qu’orienter implique une sélection de ceux qui iront de ce côté-ci ou de l’autre côté, et que les professeurs rechignent à cette tâche délicate. On préfère donner à tous de bonnes notes, de façon à leur permettre d’essayer le Collège, quitte après la première année à réviser les ambitions. Naissent alors déception, vision de soi écornée, frais étatiques inutiles.
Or ce qui manque aux élèves pour résister aux vents contraires est la force intérieure de surmonter les difficultés et les échecs, et ce n’est pas par une information ciblée, ni par un soutien psychologique, que l’école y parviendra. Il faut un souffle nouveau, sinon toutes ces mesurettes cosmétiques ne font que participer du marketing idéologique.
Or l’école a été détournée de l’instruction pour ne plus assurer qu’un rôle de gardienne du temple de la morale. Résultat? L’échec le plus grave et le plus emblématique est lié à l’apprentissage de la lecture et de la langue. Le plus grave, car il conditionne tous les autres apprentissages; le plus emblématique, parce que l’échec de la lecture naît certes des difficultés des élèves, mais est accentué par l’imposition de méthodes de lecture issues des cerveaux de docteurs Mabuse des «sciences» de l’éducation, contre toute expérience concrète d’enseignants de terrain.