Si vous éprouvez une certaine fascination pour les étranges «Barbus Müller» exposés au musée, rien de tel que les auréoler de musique et de voix. Emotions croisées, donc, ce jeudi 8 octobre à 18 heures, avec des fluides qui vont passer entre les créations d’art brut de l’Auvergnat Antoine Rabany, mort en 1919, qui fraternisent avec des œuvres de cultures lointaines, et le concert donné par de jeunes académiciens de l’Espace Opéra. «Je suis absolument ravie d’accueillir cet événement, il faut des ponts entre toutes les formes artistiques, sculptures et musique vont s’enrichir mutuellement», indique Laurence Mattet, directrice du musée. Dans cet espace, la sonorité est excellente, et lorsque Sophie Ellen-Frank, directrice de l’Académie de l’Opéra, l’a testée par un chant a cappella, «j’ai eu des frissons», dit-elle. La qualité de l’exposition et son originalité seront ainsi portées durant une petite heure magique par les voix de huit élèves âgés de 9 à 16 ans. Au programme notamment, le «Duo des fleurs», célèbre duetto lyrique de l’opéra Lakmé de Leo Delibes, l’Hallelujah de Leonard Cohen, du Mozart et autres airs d’opéra. Il n’y a plus qu’à tomber sous le charme.

L’art, autre chose qu’une réalité virtuelle

Créée en 1986 par la célèbre cantatrice Nicole Buloze, sous l’impulsion de sa fille Sophie Ellen-Frank, l’académie qui développe de jeunes talents lyriques, dont certains sont depuis devenus des professionnels, ne baisse pas les bras malgré les obstacles engendrés par les mesures sanitaires. Elle a certes dû annuler certains concerts, mais s’attelle déjà à la présentation du «Baron Tzigane», opérette de Johann Strauss, charpentée par les voix et les chorégraphies de quarante artistes. Un grand événement pour 2021. De son côté, le Musée Barbier-Mueller a bien travaillé durant ces mois difficiles de pandémie pour garder le contact avec le public, puni malgré lui. Des capsules artistiques sur les réseaux sociaux avec informations complémentaires ont servi de lien très régulier pendant le confinement et se poursuivent en marge de la réouverture du musée, en mai dernier. Cet automne, plusieurs rencontres, visites thématiques et visites-ateliers pour enfants sont au programme. Il y a aussi les projets d’expositions. Dès le 15 décembre, si les temps le permettent, le photographe Steve McCurry devrait être présent pour l’inauguration de l’exposition «La beauté de l’imperfection», qui lui est consacrée. Réputé pour sa photographie en couleurs dans la trace du reportage documentaire, et notamment pour le portrait de l’adolescente afghane aux yeux verts prise durant la guerre d’Afghanistan – photo la plus célèbre du magazine «National Geographic» -, l’artiste américain verra sa manne culturelle exposée en lien avec des œuvres de la collection du musée. En 2021, ce sera un retour magistral à l’ADN du MBM, avec les Dong Son. Une révélation. Cette civilisation marginale n’avait jamais été dévoilée jusqu’ici dans sa globalité. Culture vietnamienne antique pour laquelle Jean Paul Barbier-Mueller avait développé un intérêt particulier ses dernières années, elle se donnera à la découverte à travers une collection stupéfiante et unique d’une centaine de pièces. En parallèle des réseaux sociaux, l’institution privée s’entend plus que jamais avec l’échange, le partage, la confrontation directe entre l’œuvre et le visiteur. Quant au récital du 8 octobre, notons que, pour satisfaire les précautions sanitaires, la capacité tolérée du musée est de quarante personnes, avec traçage et port du masque.

Viviane Scaramiglia

Musée Barbier-Mueller 10, rue Jean-Calvin, 1204 Genève,
Concert de l’Académie de l’Opéra Jeudi 8 octobre à 18 heures
Réservation obligatoire www.barbier-mueller.ch Tél. 022 312 02 70

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