Notre monde occidental ne se retrouve plus, face aux nouveaux problèmes, dans l’une ou l’autre des grilles idéologiques ordinaires reçues. En d’autres termes: les partis politiques ne répondent plus aux interrogations ni aux besoins du monde actuel. Que ce soit en matière de sécurité, de flux migratoires incontrôlés, d’éducation, de santé, plus personne ne sait à quel saint se vouer. Des bribes de solutions sont avancées de-ci de-là, mais dont les effets ne durent pas. Il nous manque des visions politiques capables de dessiner des lignes claires et lisibles pour notre population en désarroi. On a pu espérer un moment que les réseaux sociaux allaient produire collectivement une diversité de points de vue qui dessinerait, en une sorte de puzzle, un tableau de l’avenir. Mais ce tableau, en fait, est un cahier de doléances et de revendications tellement diversifiées qu’aucun pouvoir n’est capable d’y lire quoi que ce soit. Dans un pareil divers, nul n’est apte à fabriquer une unité afin d’en dégager l’intérêt collectif propre à toute action politique. Naïvement, on a cru que l’intelligence collective allait émaner comme par magie des réseaux sociaux, qu’il suffirait de juxtaposer des critiques et des dénonciations de ce qui se fait, d’affirmer qu’il existe de meilleures solutions à bâtir, pour qu’une intelligence collective voie le jour. C’est une méprise. La technologie n’est qu’un moyen et l’action nécessite un travail. Les partis politiques traditionnels ne s’y livrent pas, accrochés qu’ils sont à leurs mantras. Personne n’est capable de répondre à la déstabilisation identitaire issue de la mondialisation. La crise du Covid a montré le choc brutal de cette mondialisation: l’absurdité de confier à d’autres pays le soin de produire de quoi soigner nos propres concitoyens. La mondialisation est l’inverse exact du précepte «l’union fait la force». Ce qui fait la force d’une politique est d’avancer des projets; aujourd’hui, nous réagissons affectivement aux multiples agressions et nous ne savons plus à quel saint nous vouer.