Ironballs, c’est le nom de code que ce médecin a donné à son projet qui l’accompagne tous les jours depuis six mois. Histoire de choquer un peu et d’attirer l’attention sur un type de cancer qui se guérit normalement bien, mais qui fait malheureusement encore des morts, même auprès des personnes très jeunes. Et Yann d’ajouter « On dit que le cancer des testicules se soigne super bien. Mon pote est mort en 6 mois. Y’a une couille quelque part… ». En effet, chaque jour à Genève, trois personnes décèdent suite à un cancer et ce ne sont pas que des personnes âgées.
L’intelligence artificielle permet aujourd’hui de trier une masse de données et on arrive désormais à soigner des cancers auparavant incurables. Grâce à l’oncologie de précision, chaque traitement devient ultra-personnalisé en fonction de chaque individu. Ergys, l’ami de Yann aurait voulu pouvoir aider cette spécialité de l’oncologie une fois remis. Malheureusement, il ne s’en est pas sorti. « C’est pour ça que je serais heureux si mes efforts pouvaient permettre de récolter des fonds pour faire avancer ce domaine » explique Yann.
A la mort de son ami, ce jeune médecin travaillant aux HUG est devenu parano, pensant avoir un cancer du cerveau, et est même aller faire une IRM. Les médecins banalisent un peu la maladie et la mort à force de les côtoyer tous les jours, mais le fait qu’un ami s’en aille en six mois a été un électrochoc. « Après sa mort, j’ai énormément souffert et ça a cogité dans ma tête. L’idée de faire six mois d’efforts s’est imposée. Mais, je n’étais pas prêt pour la violence des mois qui allaient suivre » décrit Yann.
A de nombreuses reprises, il est prêt à tout arrêter. Même s’il faisait un peu de boxe et de sport, Yann n’avait jamais couru plus de dix kilomètres et ne faisait pas de vélo. Pesant à l’époque près de 100kg, il n’avait pas du tout l’endurance nécessaire pour ce genre de courses extrêmes. De plus combiner des horaires de médecin à plus de 15 heures d’entraînement hebdomadaire s’avère être plus compliqué que prévu et souvent démoralisant. Et le désormais sportif d’expliquer « J’ai d’abord touché le fond. J’étais cassé physiquement et psychologiquement vidé. Mais j’avais envie – ou besoin – d’aller puiser au plus profond de moi-même, dans mes zones d’ombre ».
Alors qu’il hésite à continuer, des gens se réunissent autour de lui. Le projet Ironballs bénéficie désormais d’un grand soutien, notamment de la part de la Fondation privée des HUG et de coaches. Ce soutien n’est pas toujours facile à accepter. Yann explique : « j’ai à cœur que tout soit fait autour de mon pote. Je n’ai pas envie d’attirer la lumière sur moi, probablement avec quelque part ce syndrome de l’imposteur qu’il me faut combattre quand je constate toute l’énergie qui est déployée pour me soutenir ».
Plus qu’une course, s’entraîner pour un Ironman, c’est une bataille incessante contre soi-même. Lorsqu’on passe autant d’heures par semaine à s’entraîner, c’est illusoire de croire qu’il n’y aura pas de sacrifices. Yann est en effet quelqu’un de très social et a dû presque complétement arrêté de voir des gens. « Ça devient parfois un stress de consacrer tout son temps libre et son énergie à cela, car il faut se rappeler qu’on fait tout ça au départ pour le plaisir » indique le médecin.
Au final, pour Yann Stückelberger, c’est une véritable aventure humaine qui se joue et un apprentissage permanent. Il faut constamment aller puiser tout au bout de ses ressources, alors que le corps n’est pas fait pour faire ces efforts. Durant les efforts intenses à fournir, il n’est pas rare d’avoir envie de chialer tellement c’est dur. La seule solution dans ces moments : « tu éteins le cerveau et tu continues ».
Si émotionnellement, c’est compliqué pour le futur Ironman, il sait pourquoi il le fait et garde son objectif en tête, ainsi que la petite photo de son ami qui l’accompagne. Après des mois de doutes, Yann pense aujourd’hui qu’il a les capacités physiques et mentales pour réussir cette course et contribuer par ces efforts à faire avancer un peu la recherche.
Son message : « le cancer touche tout le monde. Je continue mon boulot et je me donne à fond pour faire péter les chronos. Fais ta part en contribuant à faire péter la cagnotte ! »
L’ensemble des dons récoltés depuis le site www.ironballs4hope.com seront versés à la lutte contre le cancer. Départ le 2 juillet 2023 à Francfort !