C’est rustique. Sommaire et rustique, mais absolument indispensable. Au moment où le Myanmar (l’ancienne Birmanie) s’ouvre au tourisme après des années de dictature militaire de gauche, les infrastructures hôtelières fleurissent, mais la formation des employés reste très en deçà des exigences de la clientèle. C’est ce qui a incité l’Association suisse François-Xavier Bagnoud, FXB International, à inaugurer une école hôtelière à Ngapali, principale station balnéaire du pays.
Le sourire, la bonne volonté et la gentillesse des Birmans sont des atouts importants pour le tourisme. Mais les carences du personnel sont criardes: pas ou peu d’anglais, un service très approximatif et souvent lent, tels sont les écueils importants en vue du développement du pays. Quelques écoles hôtelières ont été créées, entre autres sur le lac Inle, mais elles sont éloignées et pas à la portée des populations les plus défavorisées de cette région en plein essor. Forte de son expérience d’une trentaine d’années en Birmanie, FXB International a inauguré le 1er août 2017 – date hautement symbolique – une école qui permet à 25 jeunes d’apprendre les rudiments des métiers de l’accueil. Une aventure humaine William de Marco dirige la structure. Anciennement «scout» pour des tour opérateurs européens, directeur d’hôtels au Maroc et au Brésil, il forme aujourd’hui des jeunes de 17 à 25 ans aux métiers de base de l’hôtellerie: valets, femmes de chambre, réceptionnistes, assistants de cuisine ou bagagistes. On enseigne également le minimum vital d’expression anglophone. Ce qui paraît une évidence sous nos latitudes ne l’est pas au Myanmar. «Nos étudiants sont des fermiers ou des pêcheurs, dont 75% viennent de familles monoparentales. Ils ont peu d’éducation; lorsqu’ils viennent chez nous, ils manquent aux champs, et leur motivation est souvent assez faible, puisqu’ils ont toujours vécu de leur terre et sans ambition», déclare William de Marco. Selon lui, il est d’ailleurs difficile de choisir parmi les prétendants ceux qui auront le profil nécessaire à leur orientation, même si celle-ci est très prometteuse, avec des salaires garantis et d’importantes possibilités de gravir les échelons sociaux promis par le développement touristique du pays. Le directeur poursuit: «Ici, nous sommes des étrangers. C’est à nous de nous adapter. On parle avec souplesse, on ne lève pas le ton. Mon job est presque antinomique avec mes expériences précédentes qui voulaient que je choisisse les meilleurs lieux de villégiature. Mon envie de transmettre le savoir et de proposer un avenir à ces jeunes fait que j’ai dû devenir humble pour me mettre dans la peau de ces gens qui ne connaissent strictement rien du métier qu’on va leur enseigner ici». Simple et efficace On n’est clairement pas à l’école hôtelière de Lausanne ou de Genève. Ici, une simple table figure le comptoir d’accueil. Dans un coin, un matelas sert aux étudiants à apprendre à faire correctement un lit. Là encore, une machine à café est destinée à l’apprentissage de la différence entre un espresso, un café ou un americano. Tout proche, un enseignant indique aux étudiants comment servir un vin ou un cocktail. Après cinq mois de formation et un stage dans un hôtel de la région, l’étudiant reçoit un certificat national de capacité. Un second certificat «senior level», attribué après quatre mois supplémentaires, permet aux étudiants de trouver une place sans problème dans les hôtels de Ngapali. Ils auront à ce moment appris aussi des rudiments de français. «Swiss Contact», spécialisé dans la formation hôtelière et de renommée internationale, a participé à la formation des enseignants-formateurs. Les enseignants sont tous des spécialistes issus des métiers de l’hôtellerie, avec des expériences à l’étranger et au Myanmar.
François Berset