Organisée par le Muséum d’histoire naturelle et le CCO*, la Nuit des chauves-souris (vendredi 28 août 2020) vous invite à une expérience sensorielle hors du commun. En participant aux sorties et animations gratuites, vous découvrirez notamment les sonorités particulières des chauves-souris. Car si l’homme perçoit des fréquences de 
0,02 kHz à 20 kHz environ, les chiroptères émettent des sons de 20 kHz à 120 kHz. Grâce à des détecteurs d’ultrasons, la ville nocturne – apparemment morte et silencieuse – se révélera remplie d’un surprenant brouhaha animalier.

On peut leur cacher les yeux, mais pas 
leur boucher les oreilles!

Le sonar (Sound Navigation And Ranging) a été inventé durant la Première Guerre mondiale, dans le but de détecter les sous-marins en recourant à une impulsion sonore et à l’analyse de son écho. Depuis des dizaines de millions d’années, les chauves-souris font appel à un principe similaire, l’écholocation, pour s’orienter et chasser dans l’obscurité la plus complète. C’est le savant et naturaliste genevois Louis Jurine qui a émis pour la première fois en 1794 l’hypothèse de l’existence d’un sixième sens chez les chauves-souris, basé sur le son. Il faudra toutefois attendre les années 1940 pour confirmer cette supposition: les scientifiques américains R. Griffin et R. Galambos, alors jeunes chercheurs, prouvent expérimentalement l’existence de l’écholocation chez les chiroptères, validant ainsi les hypothèses émises par Jurine.
Comment ça marche? La chauve-souris émet des ultrasons par la bouche et le nez. Dès que ces ondes sonores rencontrent un obstacle ou une proie (insectes par exemple), elles rebondissent vers la chauve-souris. Cette dernière capte l’écho grâce à ses oreilles; en une fraction de seconde, son cerveau calcule la distance, la vitesse, la position et la forme de la proie. Ce système très perfectionné permet aux chauves-souris d’obtenir une image très précise de leur environnement; elles sont ainsi capables de détecter un fil plus fin qu’un cheveu! Outre ces ultrasons, il arrive que les chauves-souris émettent des cris «sociaux», cette fois perceptibles à l’homme, et qui servent à communiquer (agressivité, parade nuptiale, appel d’un jeune à sa mère, etc.).

Révéler líinsaisissable

Dès les années 1980, certains naturalistes astucieux se sont mis à bricoler des appareils permettant de capter les sons imperceptibles des chauves-souris sur le terrain. Avec l’évolution des techniques, ces détecteurs d’ultrasons se sont de plus en plus miniaturisés, pour finalement être lancés sur le marché. Ils permettent de diviser instantanément les ultrasons et de les restituer en sons audibles à l’oreille humaine. On entend alors les chiroptères et on constate que la ville est habitée par une biodiversité volante.
Le silence apparent des chauves-souris n’est donc qu’un leurre. De la même manière, une multitude de petits insectes échappent à notre regard si l’on n’y prête aucune attention. A moins de se munir d’une loupe et de prendre la peine de la chercher, cette biodiversité reste cachée à nos yeux. Et pourtant, de petites bêtes aux mœurs passionnantes vivent camouflées, près de nous.
Au-delà de l’expérience d’accéder à un environnement ultrasonique, la Nuit des chauves-souris invite à la réflexion: celle sur une biodiversité à observer et à protéger. Si nos sens sont précieux, ils s’avèrent parfois être de mauvais amis, nous faisant percevoir la nature en ville de manière incomplète et biaisée.

Pascal Moeschler et Véronique Stein

Renseignements et inscriptions 
pour la Nuit des chauves-souris à Genève
www.chauves-souris-geneve.ch

* Centre de Coordination Ouest pour l’étude et la protection des chauves-souris (CCO).

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