On ne pouvait continuer de la sorte: un demi-rapport accablant accusait M. Pierre Maudet de gestion problématique au sein de son Département. Les six membres du gouvernement ont donc décidé de retirer au magistrat, élu du peuple et Conseiller d’Etat, le Département qu’ils avaient consenti à lui laisser. Genève était abasourdie par cette décision! Or on apprend récemment que ce rapport de diagnostic, en fait, n’est pas satisfaisant. Il n’a pas été établi selon les règles formelles qui permettraient de le rendre crédible. Il ne s’appuie pas sur des procès-verbaux, il est anonyme. La liste des reproches qu’on lui adresse s’allonge. Bref, c’est un piètre rapport et, acquis à ce constat, le Conseil d’Etat envisage de solliciter une deuxième évaluation, plus approfondie celle-là. Cela signifie que l’enquête qui a fondé la décision de soustraire à M. Maudet ses légitimes prérogatives n’est pas crédible, puisqu’il en faut une autre! Me Hayat, avocate de M. Maudet, l’a expliqué sur «Léman Bleu» l’autre soir. Mais alors de deux choses l’une: ou bien, la cause étant un document reconnu désormais superficiel, on supprime l’effet qu’il a produit, et on restitue au magistrat ce qu’on lui a enlevé indûment; ou bien, on persiste dans l’injustice, tout en sachant qu’on a besoin d’une éventuelle et dispendieuse deuxième expertise, et on entre dans une crise institutionnelle jamais vue ici. La République, c’est un Etat fort, qui n’agit pas par précipitation ni par émotion. Un Etat qui ne se laisse pas dériver au gré du vent lorsqu’un rapport est douteux. Un Etat qui s’appuie sur les conseils de la raison. Genève a besoin de cet Etat fort, surtout actuellement et surtout alors que sa dette s’élève à 20 milliards de francs. Il ne s’agit pas de jeter la pierre à l’un ou à l’autre, il s’agit de demander aux sept Conseillers d’Etat élus de travailler en commun, comme une équipe gagnante dont Genève puisse être fière.

Pin It on Pinterest