Dans un collège toulousain chic, un jeune élève musulman, petit-fils d’imam, s’est opposé à une maîtresse d’arts plastiques qui avait osé montrer en cours des statues grecques nues. Difficile de faire autrement, n’est-ce pas? Le jeune élève s’est opposé de manière véhémente, allant jusqu’à déclarer que les frères Kouachi avaient eu raison. Evidemment, conseil de discipline, discussion, mais la sanction ne nous étonne même pas: le conseil de discipline a décidé que cet élève serait dispensé de cours d’arts plastiques jusqu’à la fin de l’année! Le professeur ne fut nullement soutenu, y compris par une grande partie de ses collègues, parce que le gamin vient du Mirail, dans le cadre d’un programme départemental prônant l’égalité des chances – programme remarquable par ailleurs – qui fonctionne depuis quatre ans et que l’exclusion de cet élève aurait mis à mal.
Or c’est un prétexte fallacieux: un élève fautif sur plusieurs centaines ne met pas en danger un dispositif. Prendre une telle décision, au vu et su de tout un collège, l’année même de l’assassinat du professeur décapité Samuel Paty, est une faute impardonnable. Impardonnable, mais très illustrative de ce qu’est devenue notre société. A force de répéter à chacun qu’il est formidable, sensationnel, qu’il est génial et qu’il lui faut surtout ne rien changer à ce qu’il est, chacun finit par le croire, et on donne confiance à des hordes de crétins qui croient avoir obtenu de haute lutte l’estime de tous. Or il n’en est rien: les crétins demeurent des crétins, mais simplement plus arrogants parce qu’on les a éduqués dans la bienveillance scolaire qui les a protégés de toute sanction. On aurait dû leur faire honte à l’occasion, et leur montrer que parler rend parfois ridicule. Mais non! On s’extasie devant Sa Majesté l’élève parce qu’on veut, comme dans ce collège de Toulouse, lui «donner sa chance». La suffisance que l’école répand dans les esprits et l’absence de doute qu’elle prône sont une catastrophe pour notre société. «Toutes les cultures se valent. Restez comme vous êtes!». Vraiment?

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