Fin 2019, le MEG a édité son Plan stratégique qui définit les grandes orientations pour les prochaines années en accord avec la politique culturelle de la Ville de Genève. Parmi celles-ci: le processus de décolonisation. Ce processus concerne autant l’approche et l’usage des collections – majoritairement acquises dans un contexte colonial – que les pratiques muséales quotidiennes héritées du XIXe siècle, ou encore l’engagement du Musée au service de la société.

De nouveaux discours sans renier le passé

L’observation d’un monde «exotique», avec un regard ethnocentré, n’est plus d’actualité depuis longtemps. Le MEG entend donc décoloniser, ce qui ne veut pas dire rendre les objets à leurs communautés d’origine, mais renforcer le dialogue et les échanges de manière équitable. Comme l’explique Boris Wastiau, directeur du MEG, «le but est d’éclairer l’histoire de nos collections et d’approfondir nos connaissances sur la provenance des objets et leur mode d’acquisition. Sont-ils issus de legs, de trocs, de spoliations ou de vols? Et selon quelles conditions?». L’ethnographie «classique» vise à décrire des régions, des cultures ou des peuples tels qu’ils étaient en période coloniale. Se distinguant de cette approche désormais révolue, les prochaines expositions du MEG aborderont des sujets sociétaux qui seront traités de manière transversale. La vision du MEG se porte sur l’interculturalité, à savoir ce qui relie et rassemble, plutôt que ce qui sépare et distingue. A l’affiche cet automne: les multiples perspectives autochtones sur les bouleversements climatiques et sur les injustices qui en découlent, ainsi que les alternatives proposées par les communautés concernées. Dans de prochaines expositions, c’est notre rapport au vivant qui sera interpellé, en réfléchissant par exemple à l’exploitation des ressources naturelles ou à leur durabilité.

Incarner l’agilité du Musée

L’ethnographie renvoie à une discipline du XIXe siècle et représente une relique d’un passé colonial, à savoir un contexte marqué par les violences et les appropriations. En outre, le concept d’ethnographie est peu connu du grand public et constitue un frein pour certains visiteurs potentiels. Les descendants des peuples sources y voient un terme difficile à porter. Enfin, l’acronyme «MEG» n’a que peu de signification à l’extérieur de Genève. «Le nom d’une institution publique a valeur de symbole et doit permettre d’embrasser un large champ de possibles», souligne Laurence Berlamont-Equey, responsable de la communication au MEG. Depuis quelques mois, le Musée mène un processus structuré afin de dégager une dénomination qui reflète pleinement la diversité des activités ainsi que les nouveaux axes stratégiques de l’établissement culturel. «Il s’agit de trouver un nom qui sonne bien et fasse rayonner Genève au-delà de ses frontières, un nom ambassadeur du Musée en tant que lieu engagé et dynamique» précise Boris Wastiau. Pour ce faire, outre les analyses de marché et l’étude des noms (et de ses changements) de divers musées à caractère ethnographique à travers le monde, ce sont les avis des collaborateurs et partenaires du Musée qui ont été récoltés. C’est au tour aujourd’hui de la population de rebaptiser l’institution: chacun est invité à participer au sondage en ligne (www.lemegchange.ch). Et cela en toute logique puisque le MEG est le musée des Genevois et des visiteurs!

Véronique Stein

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