Contrairement au féminisme ordinaire, qui demande à juste titre l’égalité entre les sexes et dont «Le Deuxième sexe» de Simone de Beauvoir avait, en 1949, posé les bases socio-philosophiques, le néo-féminisme actuel est tout autre chose: prôné par certaines femmes, il entend établir la suprématie du féminin. Il ne s’agit pas de revenir à l’«Eternel féminin» dont Goethe, paternaliste, avait vanté les mérites, mais de mettre en place une série de pièges corsetant les libertés de tous. Y compris d’ailleurs les libertés des femmes. L’idée est simple: puisque l’égalité n’existe pas encore, puisque certaines femmes se sentent oppressées ou harcelées, il s’agit de donner dans la surenchère: les femmes sont toujours les servantes des hommes, leurs objets et leurs jouets, inversons donc la proposition! Le moyen d’y arriver? Il faut prendre le ressenti de chaque «victime» comme preuve objective de vérité. Ce qui importe, c’est l’authenticité de l’impression subjective. Le mouvement Metoo, qui dénonçait les indignités de certains hommes abusant de leur pouvoir ou de leur position sociale pour harceler certaines femmes, a ouvert la bonde du tonneau des Danaïdes de l’Enfer. Une coterie a pris la mesure de ce qu’elle pouvait gagner à ce jeu, et les hommes sont devenus, globalement, suspects! De potentiels prédateurs. Une dictature pseudo-morale a pris corps, assurée par la médiatisation à outrance. Des faits bien réels et pénalement répréhensibles se sont mélangés à de pures spéculations, tant et si bien que cette coterie nuisible agit en ennemie d’une moitié de l’humanité; mais cette posture idéologique et revancharde porte atteinte à l’autre moitié aussi: plusieurs femmes en subissent largement les conséquences. Une menace pèse ainsi sur nos libertés publiques. La dernière partie du monumental ouvrage de Simone de Beauvoir s’intitule «Vers la libération», c’est une vision de la liberté et de la fraternité. Le rapport de l’homme à la femme est en fait le rapport le plus essentiel de l’être humain à l’être humain: il doit être égalitaire.