Des découvertes archéologiques montrent que les lieux étaient peuplés dès la préhistoire. Dans l’Antiquité, ce furent les Phocéens, fondateurs de Marseille, qui en firent un port de relâche pour leurs navires de commerce. Sous l’Empire romain, la région prospéra, de nombreuses exploitations viticoles, ainsi que des villas mises à jour en témoignent. La petite cité, dont le nom antique fait encore débat aujourd’hui, devint un port de commerce à part entière. Selon la légende, en l’an 68 de notre ère, un proche de l’empereur Néron originaire de Pise, nommé Torpès, se convertit au christianisme et refusa de se rétracter. Il fut alors décapité et placé dans une barque à l’embouchure de l’Arno, avec un coq et un chien, ces derniers étant censés dévorer son corps. La barque dériva ensuite en Méditerranée, poussée par le courant ligure, et s’échoua un beau jour sur les rivages de la bourgade gallo-romaine. Notons que des études scientifiques sur les courants ont montré que cela était parfaitement possible. Son corps étant miraculeusement intact, on le vénéra rapidement comme un saint et le village pris le nom de Torpeto ou Torpes. Précisons que la tête de saint Tropez est encore conservée de nos jours dans une église de Pise, un fragment ayant été par la suite offert à la ville varoise.
Les années noires et la Renaissance
Vinrent ensuite des années sombres, avec des guerres et surtout des incursions incessantes de conquérants musulmans (Maures et Sarrasins) qui poussèrent les habitants à fuir. Ils se réfugièrent sur les hauteurs environnantes comme Gassin ou Grimaud et c’est ainsi que le village fut quasiment abandonné du XIIIe au XVe siècles. En 1470, Jean de Cossa, seigneur de Grimaud, décida de reconstruire le village et de faire venir des familles génoises pour le repeupler. Les nouveaux habitants se tournèrent résolument vers les activités maritimes, pêches, constructions navales et commerce. On pratiquait les «voyages à la cueillette» ou «caravanes maritimes», cabotage de port en port où l’on prenait ce qui se présentait. De plus, les Tropéziens se taillèrent aussi une solide réputation de corsaires. Depuis 463 ans (1558), chaque année au mois de mai, ont lieu pendant trois jours les Grandes Bravades, fêtes patronales en l’honneur du saint qui a donné son nom à la cité. Le tout en uniformes et costumes (une bonne centaine de participants), au son des fifres, des tambours et des tirs de tromblon. Seules les deux Guerres mondiales et… la Covid-19 ont momentanément suspendu cette tradition ancrée au plus profond de chaque Tropézien. A cette occasion, la ville de Pise envoie également une délégation de notables en costumes Renaissance, qui participent aux défilés et processions.
Les stars
L’endroit, avec ses paysages colorés, attira de nombreux artistes. En 1892, le peintre Paul Signac découvrit les lieux et y acheta une maison, toujours visible aujourd’hui, mais non visitable. Certaines des ses œuvres sont exposées au musée de l’Annonciade à Saint-Tropez. Derain et Matisse feront aussi des séjours. Dans les années 1920-30, Colette viendra s’installer dans sa villa appelée la Treille muscate, qu’elle quittera en 1938 se plaignant d’une trop forte affluence de visiteurs… Déjà! Le grand acteur Raimu, qui passa durant plusieurs années ses vacances d’été à Sainte-Maxime en compagnie de Jules Berry, venait prendre chaque soir l’apéritif à Saint-Tropez. Dans les années 1950-60, ce fut Brigitte Bardot, toujours présente aujourd’hui mais très discrète, puis la série des «Gendarmes» avec Louis de Funès et Michel Galabru et par la suite bien d’autres encore. Pour ceux qui passeraient par là, éloignez-vous un peu du port et montez au sommet de la citadelle. La vue est magnifique et par beau temps, notamment avec du mistral, on peut apercevoir les îles de Lérins en face de Cannes.
Frédéric Schmidt