Le communautarisme est la plaie qui guette notre société républicaine. Genève est une République et un Canton et devra bientôt se prononcer sur la loi sur la laïcité, loi approuvée par le Grand Conseil, mais attaquée par des référendums issus de la gauche extrême et de communautés religieuses.
Le communautarisme fait prévaloir l’allégeance à un groupe particulier sur l’appartenance à la République, et les convictions propres à ce groupe sur la règle générale. Or nous vivons à Genève, depuis la fin du XIXe siècle sous l’effet pacificateur d’une loi prônant la laïcité. C’est cette loi qui, sans que nous en prenions conscience, a assuré la paix entre les diverses tendances religieuses du canton. Or puisque la nouvelle Constitution de 2012 affirme que les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses (art.3), la loi que le Parlement a approuvée précise quelles sont ces relations et elle circonscrit leurs limites. Genève votera le 10 février 2019.
Chacun se fera une idée de ce qu’il doit voter après le vif débat qui ne manquera pas d’agiter notre canton. Mais reste que l’état de servitude est l’incapacité de se servir de sa propre intelligence sans la soumettre à la tutelle d’un autre. Au fond, depuis plus de deux siècles, a dominé chez nous l’idée que pour ce qui concerne les affaires politiques, chacun doit «penser par lui-même». L’homme a échappé à l’autorité devant laquelle la pensée s’incline, pour n’accepter que l’autorité par laquelle la pensée s’affirme.
Mais la difficulté saute aux yeux: penser par soi-même nécessite dans un premier temps une formation, car penser par soi-même réclame le détour par ce que les autres ont pensé avant nous. L’autonomie s’apprend à travers la connaissance transmise. Depuis longtemps, notre école ne transmet plus ces connaissances précieuses pour l’autonomie; elle préfère le ludique, le divertissement; déteste l’esprit critique, tant et si bien que pour l’élève, la tentation d’abdiquer et de se soumettre est grande. Et cela s’appelle la servitude volontaire.