J’avais une certaine sympathie, au début, pour la vague jaune qui déferlait dans les rues de la France. J’y voyais l’amorce d’un mouvement extra-partisan qui ancrait la démocratie dans une nouvelle vision des choses. Il y avait un vent frais, presque prometteur, qui soufflait sur le Vieux-Continent. Surtout, il y avait des gens qui demandaient de ne pas être chargés de taxes comme des mules, qui voulaient pouvoir arriver dignement à la fin du mois. Quelques débordements par-ci par-là, des groupuscules extrêmes de-ci de-là, mais une masse de braves gens en rébellion contre des énarques qui ne les entendaient pas. On venait, le samedi, pour manifester; on sifflait, on criait, on riait, et on avait le droit parfois d’être un peu plus bête. Mais là, on ne rit plus! L’arrogance a changé de camp, la honte aussi. Le mouvement est porteur d’antisémitisme, de haine et de méchanceté gratuite. Des commerçants du centre-ville en font les frais, des quartiers sont dévastés par endroits, de pauvres gens subissent la haine jaune qui déferle, souvent marginale, mais tout de même! Et c’est surtout l’antisémitisme qui est de retour dans les rues: les actes antisémites ont augmenté de 74% en 2018. Ce n’est évidemment pas le fait des chasubles jaunes, car un antisémitisme venu du Maghreb, de Turquie, du Moyen-Orient, d’Afrique et des Antilles s’implante en Europe. Cet antisémitisme est alimenté en continu par l’immigration massive que nous connaissons. Mais vous devez vous demander: quel rapport avec les chasubles jaunes ? Nous vivons à l’ère des réseaux sociaux; tout transite par eux. Sans eux, aucun rassemblement coordonné aux quatre coins de la France ne serait possible. C’est sur ces réseaux que sont nées les yellow chasubles, qui produisent dans le monde réel le même effet de masse inculte que sur les réseaux. Dans ce nouveau monde, les inhibitions sont levées, chacun se laisse aller et vient encourager, en guise de vérité, le mensonge qui satisfait son attente. Je suis avec vous, Monsieur Finkielkraut!